2012年10月16日星期二

Chercheur et entrepreneur, couple impossible ?

Malgré les avancées du budget de la recherche, l'industrie recule en France. Même si les grandes entreprises et certaines PME maintiennent le rythme, au-delà de quelques niches technologiques, la création de nouvelle entreprise industrielle demeure faible sinon inquiétante. Certes la mondialisation bouscule la carte des pays industriels mais une autre raison est à rechercher dans le couple chercheur et entrepreneur, ces temps-ci, plutôt en souffrance. 

En France, le mélange des genres n'est pas aisé. Pour le chercheur, l'entrepreneur est souvent un affairiste supposé opportuniste. Pour l'entrepreneur, le chercheur serait un doux rêveur dont la carrière se confond à une institution  publique dont il épouserait les travers. L'entrepreneur soupçonne ce dernier d'égocentrisme, l'autre moque sa fougue combattante. Le chercheur redoute les turbulences du privé, le second craint une stabilité trompeuse. Parfois, un semblable complexe d'infériorité les pousse à s'éviter. L'entrepreneur n'ose endosser des savoirs dont il ne possède pas la maîtrise. Pour le chercheur, l'entrepreneur est un activiste qu'il juge difficile d'égaler. Tous deux se recroquevillant, ils s'ignorent souvent.

Nullement réductible à un modèle préétabli, la recherche rythme avec un temps indéfini, essais et approximation. La création d'entreprise est un acte concret. Elle s'impose à la lecture du business plan et, dans l'action, du bilan. Marchés, clients et cash flow battent la mesure. Comment rassembler ces frères ennemis ?

Conscient du problème, le Ministère à l'Enseignement Supérieur et la Recherche organise chaque année depuis 1999 un Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes. 785 entreprises ont ainsi vu le jour ! A y regarder de près, l'on relève que beaucoup de porteurs de projets sont des chercheurs, la plupart rivés à une institution public ou para public. Dans le lot, peu d'entrepreneurs. Et pour cause, le concours ne s'adresse pas aux projets qui seraient adossés à des intérêts financiers. Pas davantage n'est-il possible d'adjoindre un capital tiers à la création de société ! Le Ministère argue que les entreprises tiennent la route : 68 % seraient en activité cinq années plus tard. Malheureusement le faible nombre d'emplois ainsi créé (4750) alors que la filière industrielle en perd peu ou prou chaque année 50 000 suggère un commentaire plus contrasté.

L'option qui consiste à draper le chercheur dans le rôle d'entrepreneur n'est pas sans danger. Inévitablement, ce dernier organise son « affaire » autour d'un brevet. Aura-t-il les moyens de mûrir une approche globale et mondiale du marché, parfois complexe ? Ce même brevet peut-être aussitôt anéanti par une prouesse technique à l'autre bout de la planète, notamment, en Inde et en Chine, les incubateurs technologiques pullulent. Si l'entrepreneur a le devoir d'élargir la vision du chercheur, il doit aussi convaincre les financiers (banques, fonds d'investissement, venture capital) du programme de recherche pour maintenir le cap. Comme les financiers prisent la rentabilité à court terme, l'exercice est ardu mais obligatoire. Dans l'absolu, jamais la contrainte financière ne devrait étrangler la recherche et pourtant c'est souvent le cas lorsque le chercheur s'aventure seul. Il s'éparpille alors, porte à bras le corps son projet. Si l'on souhaite vraiment augmenter la puissance de feu l'industrie française, créer de l'emploi, il faut alors souder davantage le couple chercheur et entrepreneur, à chacun son métier mais tous deux ensemble !
  
* Daniel Levacher, Chercheur, Docteur es sciences

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