Chine : Comment investir ?
5 façons de bénéficier (peut-être) de la croissance chinoise
La croissance chinoise attise toutes les convoitises, et beaucoup
s'interrogent sur les moyens d'en tirer financièrement partie.
Cependant, l'investissement financier en Chine est rendu très difficile
par la fermeture du compte de capital et le contrôle des changes. Dès
lors, seules quelques formules légales permettent à ce jour de réaliser
un investissement financier en Chine. Elles s'avèrent souvent
dangereuses et peu rentables. Cette fiche ne traite pas des
investissements directs étrangers, qui relèvent d'une autre logique.
1. Investir directement sur les marchés financiers de Chine continentale
En raison du contrôle des changes, la participation d'investisseurs
étrangers sur les marchés financiers continentaux reste timide. Quelques
voies existent, mais ces investissements se sont jusqu'à présent
révélés très peu performants. A ce jour, seulement deux possibilités
sont offertes aux étrangers :
- les actions B : la cote des places de Shanghai et Shenzhen est
répartie en actions A libellées en monnaie locale, accessibles aux seuls
ressortissants chinois, et en actions B libellées en HKdollar et
USdollar, ouvertes aux étrangers depuis 2001. En mai 2005 à Shanghai, on
comptait 1013 entreprises cotées et une capitalisation totale de 3247
Mds RMB. Mais le marché B ne compte que 54 entreprises pour une
capitalisation de 26 Mds RMB. Il existe à présent une bande de
fluctuation journalière maximale de 10% par titre (et de 5% pour les
titres à traitement spécial).
- les licences QFII : Fin 2002, un système d'investisseurs
institutionnels étrangers qualifiés (QFII, qualified foreign
institutional investor) a été approuvé. Ces licences sont accessibles
uniquement aux très grandes institutions financières. Mais, compte tenu
du quota initial imposé par les autorités (975 Ms USD, soit à peine 0,5%
de la capitalisation échangeable), il s'agit plutôt d'une brèche que
d'une véritable ouverture. Les 9 opérateurs étrangers initialement
choisis en 2002 n'avaient d'ailleurs investi que 290 Ms USD, témoignant
de toutes façons de leur faible confiance dans un marché morose, engorgé
par des émissions de qualité discutable. Le système s'est depuis
développé. Les licences sont accordées par le régulateur boursier, la
CSRC. Toutefois, la licence seule ne suffit pas pour opérer. En effet,
chaque investisseur agréé doit aussi obtenir de la SAFE (State
Administration of Foreign Exchange, organisme de la banque centrale en
charge de la gestion des réserves de change et du contrôle des changes)
un quota d'investissement. Celui-ci est actuellement compris entre 50 Ms
USD et 800 Ms USD. Fin 2004, les autorités ont accordé des
autorisations à 27 étrangers pour un montant global d'environ 3,5 Mds
USD. Les autorités ont récemment envisagé d'élever le plafond total
d'investissement à 10 Mds USD. Toutefois, il apparaît qu'une part
importante des fonds autorisés n'est toujours pas effectivement
investie.
Certaines des banques ayant obtenu un quota QFII, le mettent à disposition d'autres investisseurs ou fonds d'investissement.
2. Investir sur le marché financier hongkongais
Les placements sur le marché hongkongais se sont révélés être d'un
bien meilleur rendement que les placements en Chine continentale. Hong
Kong offre à la fois une meilleure sécurité juridique et un marché bien
plus liquide. Deux types d'actions hongkongaises reflètent plus
particulièrement l'évolution des entreprises de Chine continentale :
- les actions H : ce sont les titres d'entreprises enregistrées en
République Populaire de Chine et possédant une autorisation de cotation à
Hong Kong. L'indice Hang Seng China Enterprise, qui regroupe les
actions H, est composé de 37 titres.
- les red chips : il s'agit des grandes capitalisations cotées à Hong
Kong et dont le capital est détenu au moins pour 35% par des résidents
de Chine continentale et dont le principal actionnaire est chinois.
L'indice Hang Seng China Affiliated (indice Red Chips) comprend 27
entreprises.
3. Acheter des parts de fonds de placement « Chine » ou « Grande Chine »
De nombreuses banques et gestionnaires de fonds ont créé des fonds
géographiques spécialisés sur la Chine. On constate des réussites très
diverses depuis 2001. Ceci est peu étonnant, alors que l'indice phare de
Shanghai perdait 50% de sa valeur dans le même temps. Néanmoins, la
plupart des fonds paraissent se reprendre depuis peu (la période noire
de la fin 2001 sortant peu à peu de la période de référence de 3 ans).
4. Prendre des participations financières dans des entreprises non cotées
Le cadre classique des investissements directs étrangers (IDE) en
Chine n'est guère adapté à l'investissement financier. Qu'il s'agisse de
participer à la création d'une entité nouvelle ou de prendre une
participation dans une entité existante, une approbation préalable de
l'administration est requise, fondée sur des considérations
sectorielles. L'autorité d'approbation vérifie que l'investissement
étranger intervient dans un secteur ouvert aux étrangers et se fonde
notamment sur un document dénommé Catalogue d'orientation de
l'investissement étranger, qui classe les secteurs d'activité en
plusieurs catégories selon que l'investissement étranger y est
encouragé, restreint ou interdit.
Depuis 2003, il est possible de créer une entreprise de capital
risque à investissement étranger (ci-après ECRIE). Son champ
d'application est large : il s'agit de réunir dans une même structure
des investisseurs, soit tous étrangers, soit étrangers et chinois, dans
le but de prendre des participations en capital dans des sociétés non
cotées (généralement de haute ou nouvelle technologie), de leur apporter
des services de management et de réaliser des plus-values à l'occasion
de la cession ultérieure de ces participations.
Le texte vise les prises de participation aussi bien dans des
sociétés nouvelles ou en création (capital risque stricto sensu) que
dans des sociétés existantes (private equity).
L'ECRIE peut au choix prendre la forme d'une entité sans personnalité
juridique, auquel cas la responsabilité des investisseurs est indéfinie
et solidaire et le capital minimum de 10 Ms USD, ou bien d'une société
commerciale et la responsabilité des investisseurs est alors limitée à
leurs apports, le capital minimum n'étant alors que de 5 Ms USD.
L'ECRIE doit avoir entre 2 et 50 investisseurs chacun apportant au
moins 1 M USD. Elle doit en outre avoir un investisseur qualifié qui
doit être un professionnel du capital risque répondant à des exigences
strictes (notamment gérer déjà 100 Ms USD d'investissements). Les
investisseurs d'une ECRIE sans personnalité morale peuvent limiter leur
responsabilité au montant de leurs apports si l'investisseur qualifié
accepte d'être indéfiniment et solidairement responsable des dettes de
l'entreprise de capital risque.
L'ECRIE doit avoir au moins 3 professionnels expérimentés dans le
capital risque ou sous-traiter la gestion quotidienne à une entreprise
de management de capital risque (EMCR).
Par rapport au cadre strict de l'IDE, l'investissement au travers d'une ECRIE présente quelques avantages :
- le capital de l'ECRIE peut être libéré sur une période totale de 5
ans, en fonction de l'état d'avancement des investissements ;
- lorsqu'une participation dans une entreprise chinoise est cédée par
l'ECRIE, les investisseurs étrangers peuvent immédiatement récupérer
leur investissement dans celle-ci, par réduction de capital, à hauteur
du montant initialement investi par l'ECRIE dans l'entreprise chinoise ;
- l'ECRIE est dispensée d'approbation préalable lorsqu'elle investit
dans les catégories « encouragée » et « permise » du Catalogue
d'orientation de l'investissement étranger. Elle doit toutefois notifier
l'investissement aux autorités du
commerce. Dans la catégorie « restreinte », l'approbation reste nécessaire.
Le régime fiscal dépend de la forme de l'ECRIE. Si elle a une forme de
société commerciale, elle est d'abord taxée à son niveau comme toute
entreprise à investissement étranger. Les investisseurs étrangers sont
alors considérés comme percevant des dividendes de l'ECRIE. La Chine
renonce à l'heure actuelle à toute retenue à la source sur des
dividendes payés par une entreprise à investissement étranger.
Lorsqu'en revanche, l'ECRIE n'a pas la personnalité juridique,
l'impôt sur les bénéfices est dû (sauf option contraire) au niveau des
investisseurs étrangers. Dans le cas où l'ECRIE n'a pas son propre
management en Chine, mais recourt aux services d'une EMCR, les
investisseurs étrangers sont imposés comme des entreprises étrangères
sans établissement stable. Les plus-values de cession de titres sont
soumises à une retenue à la source de 10 %.
Les acteurs anglo-saxons sont les plus présents aujourd'hui, par
exemple Carlyle, Morgan Stanley, et Goldman Sachs. Le montant annuel
investi dans des opérations de capital risque en Chine a dépassé un
milliard USD en 2004.
5. Anticiper une éventuelle réévaluation du RMB
La spéculation sur une réévaluation du RMB est continue depuis fin
2002 . L'ancrage du RMB au dollar US n'ayant pas évolué dans
l'intervalle, ces positions se sont avérées continuellement perdantes.
Les investisseurs chinois multiplient les techniques afin de spéculer
sur une éventuelle réévaluation du RMB. Néanmoins, légalement, le
spectre d'instruments ouverts aux investisseurs étrangers est, là aussi,
beaucoup plus étroit, et se limite aux contrats NDF (non deliverable
forwards), échangés à Hong Kong et Singapour.
Il s'agit de contrats à terme sur l'évolution anticipée du taux
USD/RMB, à 3/12/24 mois. Ces produits dérivés constituent une manière
sécurisée de spéculer sur l'avenir du régime de change chinois, la
contrepartie étant toujours une grande institution financière.
Néanmoins, le risque est très élevé, car l'investisseur perd à
l'échéance l'intégralité de sa mise en cas de maintien de la parité. Les
volumes de transactions quotidiens sont de l'ordre de 500 Ms USD. Ce
marché, soumis aux aléas des rumeurs, est marqué par une forte
volatilité.