Alors que les chiffres de vente restent loin de leurs meilleurs niveaux en Europe, le marché automobile chinois est unique dans le monde par sa taille et sa croissance. Les constructeurs français s’organisent pour doper leurs parts de marché.
Des arches fleuries, un tapis bleu, une peluche sur le capot. Dans cette concession Peugeot de Wuhan, tout a été fait pour ne pas louper le lancement de la 2008. « Les clients veulent voir tout de suite la nouveauté et ce qui se vend bien », nous explique-t-on dans un showroom avec baby-foot, bar, machine à pop-corn et mini salle de cinéma. Tous les constructeurs sont aux petits soins pour une clientèle qui a un appétit d’ogre.
Le marché chinois, c’est seize millions de voitures neuves vendues en 2013, et une croissance de 10% par an. Actuellement, on compte en Chine 70 voitures pour 1 000 habitants, contre 481 pour mille en France et 627 pour mille aux États-Unis. La marche à franchir pour atteindre les ratios occidentaux est haute, mais l’enthousiasme des jeunes classes moyennes et supérieures au pouvoir d’achat galopant accélère le mouvement : en Chine, le taux d’équipement a doublé en seulement quatre ans. Car la voiture est, là-bas, un marqueur social qui fait envie.
La progression du marché devrait encore être de l’ordre de 6 à 7 % par an au moins jusqu’en 2025, prévoit-on au siège de PSA Asie, à Shanghai. En 2013, la Chine a consommé plus de voitures que l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest pour devenir le premier marché mondial, donc très convoité.
Arrivé en Chine en 1992 avec Citroën, PSA y aligne aujourd’hui les records commerciaux, malgré une concurrence terrible entre 70 marques, dominée par Volkswagen qui s’arroge plus de 15 % du marché avec trois millions de voitures vendues chaque année. Renault écoule 30 000 modèles importés de Corée (donc lourdement taxés) et DongFeng Peugeot Citroën automobile va, lui, battre cette année son record de 700000 ventes (+30 % par rapport à 2013).
« On est dans les Trente Glorieuses », commente Grégoire Olivier, le patron de PSA en Asie. Pour prendre le train en marche, le groupe a créé en 2008 un centre de style et de développement, afin de concevoir des voitures « complètement pensées pour le client chinois » au rythme de deux par an.
Surtout des 4X4 et des voitures qui en imposent, avec beaucoup de place à l’arrière. Même rythme effréné dans la distribution. « On construit plus de cent concessions par an. C’est un rythme de croissance que le groupe n’a jamais connu », assure Grégoire Olivier, selon qui le groupe devrait atteindre un million de ventes avant 2020.
En plus d’être volumineux, le marché chinois est rentable. « On n’a jamais perdu d’argent en Chine », glisse Maxime Picat, le directeur général de Peugeot, qui situe au-delà de 7 % la marge opérationnelle de sa marque, quand Nissan et Honda atteignent un confortable 15 %. Une euphorie que l’Europe n’a pas connue depuis longtemps.
BENOÎT FAUCONNIER
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